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Manipulation de l’histoire à la Préfecture du Bas-Rhin
29 août 2022
Vendredi 26 août, la Préfète du Bas-Rhin a dévoilé une plaque à l'intérieur de la Préfecture. Unsri Gschìcht dénonce la pose de cette plaque baptisant une salle "Vitry-le-François". Un tel acte combine les trois écueils mémoriels suivants :
Apologie de la politique annexionniste de la monarchie française
Le texte de la plaque, désignant Vitry-le-François comme "terre de signature par le Roi Louis XIV de l'acte rattachant Strasbourg à la France en 1681", reprend les termes de la propagande louis-quatorzienne, le "Roi Soleil" prétendant "rattacher" ou "réunir" au royaume des territoires censés lui revenir. Or, en 1681, Strasbourg était une ville libre du Saint-Empire romain germanique qui n'aurait jamais consenti à devenir française si de très conséquentes troupes françaises ne l'avaient pas assiégée dans la nuit du 27 au 28 septembre ; le 29, Louvois annonçait au Magistrat de Strasbourg que la ville serait "détruite à fond par le fer et le feu" si elle ne se rendait pas le lendemain matin. N'en a-t-on toujours pas fini avec le "roman national", qui transforme les défaites et humiliations des peuples soumis en motifs de réjouissance ?
Construction de toutes pièces d'une identité "grandestienne"
On comprend évidemment ce qui a motivé la désignation d'une salle de la préfecture du Bas-Rhin par le nom d’une ville de la Marne : la préfecture du Bas-Rhin est aussi celle du Grand Est et les services de l’État participent à l'effort de légitimation de la nouvelle entité par l'histoire. Ne se rendent-il pas compte du caractère inadmissible d'une telle politique ? On peut comprendre que non, dans une Alsace qui fait preuve d'une soumission tragique au "roman national" pour ce qui concerne, par exemple les noms de ses rues. La "Salle Vitry-le-François" est le révélateur, par son ridicule, d'une imposture à laquelle nous nous sommes tous habitués.
Mépris de l'histoire d'un monument historique
La Préfecture du Bas-Rhin occupe un bâtiment construit entre 1907 et 1911. Il fut édifié pour abriter le gouvernement de l’Alsace-Lorraine, dont Strasbourg était la capitale. Les salles, si elles doivent être nommées, devraient à bon droit recevoir des noms en lien avec l’histoire du bâtiment. On pourrait, par exemple, choisir d’honorer la mémoire du baron Hugo Zorn von Bulach, à la tête du gouvernement d’Alsace-Lorraine de 1908 jusqu’à sa démission en 1914, alors qu’il était désavoué par l’Empereur Guillaume II, soutien de l’armée dans la célèbre Affaire de Saverne. Unsri Gschìcht invite les services de l’Etat à prendre en considération l'histoire de l'Alsace et l’histoire de Strasbourg pour définir une politique mémorielle respectueuse de l’identité régionale et locale.
Dans L'Ami Hebdo du 4 septembre 2022 :