Cet ouvrage raconte l’histoire vraie de Marcel Grob, originaire de Kirchberg en Alsace, enrôlé en juin 44 dans la Waffen SS à l ‘âge de 17 ans. Envoyé sur le front italien, il participe au massacre de Marzabotto (le massacre de civils le plus meurtrier perpétré par les Nazis en Europe occidentale). Blessé, il est abandonné par les SS en Italie, récupéré par la Wehrmacht et capturé par les forces alliées en avril 1945. Heureusement pour lui, il échappe au peloton d’exécution car un officier français reconnait son statut d’alsacien et il peut rentrer chez lui.
En 2009 il est convoqué chez un juge italien qui traque les SS ayant participé au massacre de Marzabotto et l’interroge longuement. Il l’accuse d’avoir signé un engagement dans les SS en été 44. Cette partie relève de la fiction mais elle pose les problèmes moraux de la prise de conscience, du jugement des survivants et de la justice comme réparatrice des forfaits des hommes.
Ce récit est accompagné d’un dossier historique consacré à la Waffen SS : comment elle a fonctionné, son rôle dans la guerre, ses exactions et les sanctions prises par la communauté internationale. En introduction du dossier historique, un bref rappel de la situation particulière dans ce contexte des jeunes alsaciens appelés les « malgré-nous » qui mériterait d’être étoffé.
Mais la meilleure illustration du drame des malgré-nous, du conflit de loyauté imposé à ces jeunes gens, (âge moyen : 17 ans), de leur détresse et de leurs peurs réside dans l’histoire de Marcel Grob. On peut regretter que ce récit se concentre sur les faits et n’aborde que de façon rapide comment survivre après un tel traumatisme
Cette bande dessinée est adressée « à toute la jeunesse d’Europe ». Le parti pris d’écrire les textes dans un langage contemporain, s’il peut choquer le lecteur, souligne la volonté de s’adresser aux jeunes tout comme le format BD. Loin d’être un ouvrage scientifique sur la question, ce récit permet de sensibiliser un public qui peut être rebuté par des ouvrages académiques.
Un article paru en juin 2022 dans 20&21 Revue d’Histoire interroge Philippe Collin sur le dessin comme questionnement historique et transmission mémorielle (Dessiner l'histoire, saisir la mémoire familiale. Entretien avec N. Krug, P. Collin, S. Lesage. 20&21 Revue d'histoire, 2022/2, n°154, p. 141-157)
